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par Aissa HIRECHE publié le 30/04/2013

La maladie du président de la République aura sans conteste des effets immédiats et aussi à plus long terme, sur la scène politique nationale. L'alerte de santé de Bouteflika constitue une nouvelle donne dont il faut désormais sérieusement tenir compte lorsqu'on procède à la lecture de l'actualité politique nationale. Qu'on le veuille ou non, la question de la succession à Bouteflika se pose aujourd'hui de manière incontournable. Le bon sens voudrait que l'actuel président ne songe plus désormais à postuler pour un quatrième mandat mais rien n'est impossible. De toute façon, que Bouteflika postule ou pas à un quatrième mandat, ses derniers ennuis de santé introduisent des hypothèses nouvelles. En fait, nous nous trouvons devant quelques scénarios qu'il convient de passer en revue.

Bouteflika termine son troisième mandat
Le premier scénario c'est de voir Bouteflika postuler pour un quatrième mandat. Bien que peu probable désormais, ce scénario est néanmoins envisageable. Cette situation ferait bien l'affaire de ceux qui veulent lui coller un vice-président car, comme nous l'avons mentionné précédemment, Bouteflika les intéresse plus que quiconque d'autre, vu son âge et ses ennuis de santé car ceci donnerait beaucoup de probabilités au vice-président de poursuivre le mandat. Et c'est exactement leur objectif!
Le second scénario est que Bouteflika, vaincu par la maladie, décide de simplement terminer l'actuel mandat et ne pas aller au-delà. Cette hypothèse, présentée par certains observateurs comme propice pour l'Algérie en vue d'une transition vers la démocratie réelle, ne porte pas moins quelques risques quant à la succession de l'actuel locataire d'El Mouradia car la question qui sera posée est celle relative à celui qui sera le candidat à la succession au poste dans ce cas. Il ne faut pas croire que si Bouteflika termine son actuel mandat, et comme par enchantement, tout va changer en Algérie. Il ne faut pas croire, non plus, que la démocratie viendra frapper à notre frontière pour s'inviter cher nous et il ne faudrait surtout pas miser sur des changements de mentalités chez ceux qui ont tout le temps fait le pouvoir et les hommes du pouvoir. Au contraire, aujourd'hui plus que jamais, ils tenteront de se maintenir. Certes, les changements qui bousculent le monde et surtout le Monde arabe les obligeront à changer de méthode pour introduire leur candidat. Ils innoveront pour que tout semble se passer correctement mais ils ne seront jamais assez naïfs pour se laisser éjecter car, convenons-en, ces parties ont toujours vécu par la désignation des présidents et le contrôle du pouvoir. Si jamais ils lâchent, ils perdront tout leur poids, tous leurs acquis et toute leur influence. Ils seront finis! C'est pour cela que, dans le cas de non-présentation de Bouteflika, ils essaieront de pousser en avant leur candidat. Mais comme ils ne constituent pas un ensemble homogène, il est fort probable que l'on assiste à une division au sein du groupe de ceux qu'on appelle «les faiseurs de présidents». Sur quoi débouchera cette division? Cela dépendra du rapport de forces en présence.

Bouteflika écourte son troisième mandat
L'autre possibilité est celle de voir Bouteflika jeter l'éponge avant avril 2014. Pour cause de maladie ou par abandon d'une partie qu'il n'est plus en mesure de rapporter ou pour tout autre raison. L'élection anticipée, si elle venait à avoir lieu dans ce cas comporterait trop de risques. C'est pour cela que le départ précipité de Bouteflika ne signifiera pas nécessairement une élection anticipée. En effet, d'une manière ou d'une autre, les tenants des décisions du régime pourraient bien trouver un moyen pour repousser les élections jusqu'à leur date normale ce qui devrait leur permettre de mettre de l'ordre dans leurs affaires.
Exactement comme ils ont fait lors de la démission de Zeroual qui, malgré l'annonce de sa démission, a dû rester en place quelques temps pour leur permettre de trouver son remplaçant, comme cela s'est passé lors du décès de Boumediene lorsqu'ils avaient dû attendre longtemps avant de se décider pour Chadli Bendjedid et comme cela s'est passé suite à l'assassinat de Boudiaf lorsqu'ils avaient dû mettre en place le HCE afin de se donner le temps de trouver un remplaçant. En effet, et aussi bizarre que cela puisse paraître, nos «faiseurs de présidents» ne semblent pas savoir prévoir les cas de force majeure et, du coup, ils ne les incluent pas dans leurs plans!
Il se peut que, cette fois, la maladie du Président Bouteflika en 2005 les ait poussés à se tenir prêts à ce type d'éventualités aussi. Toutefois, si Bouteflika écourte son troisième mandat sans que sa succession ne soit déjà préparée, cela pourrait créer une certaine panique, une sorte d'affolement en hauts lieux devant le risque de perdre le contrôle. En d'autres temps cette possibilité ne gênerait point sauf que de nos jours, et avec ce qui se passe autour de nous, les gestes sont bien calculés. Avec les changements environnementaux, depuis la révolution de Tunis et celle du Caire, les peuples ne sont plus les mêmes. Les peuples réclament désormais leur dû. Ils ne se taisent plus. En Algérie, le peuple a pris conscience de la nécessité de passer à une autre ère, à une autre Algérie. Celle où le citoyen ne sera plus méprisé et où la démocratie sera réelle, sans fard ni mensonges. En acteurs intelligents et bien informés les «faiseurs de présidents» devraient avoir déjà le scénario du départ précipité sous le coude et ils devraient y avoir déjà travaillé. Dans ce cas précis, le chantier de révision de la Constitution sera certainement bloqué ou, du moins, reporté.

Bouteflika tient à «sa» Constitution
Une autre hypothèse est que Bouteflika tentera d'accélérer la révision de la Constitution et la fera approuver afin de peser sur le choix de son successeur avant de se retirer. Là est le pire scénario pour le pays car la lutte pour les contours et certaines dispositions de la Constitution est assez forte du moment que d'elle dépend la place de chaque acteur dans l'échiquier de demain. L'amendement de cette Constitution constitue le facteur-clé autour duquel tourne toute la préoccupation politique actuelle. Il y va de l'avenir de chaque partie et de ce fait, aucune partie ne sera près de céder son territoire, ni son pouvoir. Les prochains mois seront ainsi déterminants pour une Algérie qui devrait, en principe, opter pour l'entrée dans une nouvelle ère. L'ère où l'Algérien ne sera pas honteusement le dernier Africain et le dernier Arabe à connaître la 3G à cause de la bêtise humaine, celle où sa voix ne sera pas détournée de l'urne, son pain ne sera pas volé par les Chakib Khelil qui pullulent et polluent notre terre, sa sueur sera récompensée et ses rêves respectés. L'Algérie est aujourd'hui sur le seuil de la IIe République. Dans les prochains mois, elle aura à faire face à elle-même et l'Algérien aura à prendre son courage des deux mains pour pousser la porte de l'avenir jusque-là fermée par les mensonges d'un régime obsolète.

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