Gardez donc vos conseils!

Avant, quand on n'avait rien à faire, on se taisait. De notre temps, quand on n'a rien à faire on s'occupe des affaires des autres.
L'Algérie, c'est l'Algérie. Avec son peuple et ses gouvernants. Nous savons ce que nous subissons et nous sommes seuls aptes à le décrire. Ce qu'il y a de bien chez nous, chez ceux qui nous ont dirigés jusque-là, nous croyons être assez honnêtes et surtout assez grands pour le reconnaître et l'apprécier.
De même, ce qu'il y a de mauvais chez nous et surtout chez ceux qui nous ont gouvernés, nous prétendons être assez mûrs pour le savoir tout seuls et assez courageux pour le leur dire. Nous en avons assez de ces lèche- bottes le matin, pourfendeurs le soir, et de ces énergumènes qui, portant des miroirs multiples à tendre selon le moment et en fonction de la personne, n'oublient jamais d'entamer la danse du ventre avant de tendre, loin devant la main, et ouvrir largement la poche. Parce qu'ils ont largement contribué à tromper ces gouvernants par leur mensonge et leur hypocrisie intéressée, beaucoup de prétendus journalistes étrangers se sont rendus, en partie bien sûr, responsables de ce qui nous arrive.
Lorsque l'argent coule à flots pour financer de trop chers publi-reportages bidons ou des publicités fort onéreuses et dont on se passerait évidemment bien, ce ne sont pas les belles paroles des flatteurs professionnels qui manquent. Une situation qu'ils aimeraient qu'elle dure, bien sûr, l'éternité s'il le faut. Parce que, pour faire durer une telle pratique, il faudra qu'il y ait des gouvernants maniables et des intermédiaires «fort serviables», on ne tarit pas d'éloges à l'égard de ceux qui conduisent le pays et son économie. Quant à ce que ressentent ces «amis» étrangers, on peut le savoir sans détour chaque fois qu'on les empêche de commettre leur forfait à l'égard du peuple et du pays. Ils vous le diront eux et ceux qui les aident, bien sûr, parce que, ne nous leurrons pas, certains de nos compatriotes en sont encore à pouvoir oublier l'intérêt général pour un dîner, pour le sourire d'une femme et bien moins, pour une bouchée de pain, voire pour le seul plaisir d'avoir pu être traité d'aimable. Ce comportement injustifiable que développent certains, malheureusement, n'est pas caractéristique de l'Algérien. Il est juste propre à une catégorie, une toute petite catégorie, qui se croit non concernée par le pays ni ce qui lui arrive. Mais c'est ce comportement qui encourage l'hypocrisie de certains pseudos journalistes étrangers, ou de certains prétendus analystes. Et c'est aussi ce comportement qui leur fait dire que tout va bien en Algérie. Bien sûr, ils ne sont pas dupes et savent que nous ne gobons pas des affirmations pareilles, alors ils en atténuent un peu le ton en glissant quelques bémols. Oui, se pressent-ils d'affirmer dès le départ, on sait que les jeunes sont mal à l'aise, qu'ils s'évadent du pays par n'importe quel moyen, que le pays est incapable de créer de la richesse sans aspirer dans le pipeline... mais tout va bien, tout va très bien quand même! Vous voulez des preuves, eh bien tenez-en: vos femmes sont de plus en plus visibles, elles occupent - et de quelle manière donc! - de hauts postes et vous représentent dans les deux chambres, vous avez des universités, des femmes universitaires, des femmes médecins, vous avez des institutions etc... et lorsqu'ils se rendent comptent qu'ils ont un peu forcé la dose, ils reviennent et vous précisent que, malgré tout, vous devez faire attention à l'avenir et faire bien attention à savoir élire votre candidat... pour la prochaine présidentielle. Des paroles qui vont dans tous les sens et qu'ils pourront faire valoir quel que soit le vainqueur des prochaines élections.En vérité, ces prétendus journalistes venus d'ailleurs devraient cesser de parler d'une quelconque amitié avec l'Algérie. Ils sont amis avec les euros qu'ils peuvent se débrouiller en chantant des flatteries à longueur d'années. Ils devraient regarder autour d'eux, il y a bien des journalistes étrangers chez nous, ils sont nombreux et ils sont en très grande majorité à bien faire leur travail. Ceux-là essaient d'informer, pas de dribbler et, en informant, ils nous disent nos vérités. Certes, parfois cela nous exacerbe, surtout lorsqu'on sait que c'est vrai, mais au fond, nous savons qui est là pour faire son travail et qui est là pour faire celui des autres. Quant à nous dire qu'il faudra, que nous sachions qui choisir pour la présidentielle de 2014, vers quel point nous devons regarder, le passé ou l'avenir, en haut ou en bas, cela, nous osons le croire, du moins, ne regarde personne que nous-mêmes.
D'autant plus que ceux-là mêmes qui parlent ainsi n'ont jamais cessé de faire l'éloge de ceux en place depuis longtemps, très longtemps, nous cachant presque notre capacité à regarder de nous-mêmes et nous refusant presque notre aptitude à décider de par nous-mêmes.Que ces énergumènes aillent donc donner leurs conseils à qui les leur demande, car le peuple algérien n'aime pas qu'on s'occupe de ses affaires. Nous avons assez de tuteurs comme cela, faudra-t-il que l'on en ait encore?

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